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retour sur l'AMRAE
Retour sur l'AMRAE et l'avenir de la cyber assurance

Retour sur l'AMRAE qui s'est dĂ©roulĂ©e Ă  Deauville dans de bonnes conditions (2300 congressistes) malgrĂ© un dispositif spĂ©cial pour cause de crise sanitaire. Nous remercions tous les interlocuteurs avec qui nous avons pu Ă©changer et partager des analyses. Pour avoir participĂ© Ă  plusieurs rĂ©unions de souscription cyber en fin d'annĂ©e derniĂšre nous sentions que la situation Ă©tait encore plus tendue qu'en 2020. Sans surprise, c'est sur le cyber que se concentrent les difficultĂ©s de renouvellement (non reconduction, explosion des primes, des franchises...) 

Nous n'allons pas revenir sur le manque de capacitĂ©s que chacun connait ici mais sur le fait que trois ou quatre gros sinistres suffisent Ă  les assĂ©cher. C'est le niveau des rĂ©clamations qui questionne quand on sait que les entitĂ©s concernĂ©es sont des grandes entreprises qui prĂ©sentaient toutes les garanties et les vertus en termes de gestion de la sĂ©curitĂ© informatique. Comment cela peut arriver lorsqu'on sait que ces attaques ne sont pas sophistiquĂ©es et qu'elles laissent de nombreuses traces et indices avant d'ĂȘtre dĂ©clenchĂ©es ?

Ainsi il n'est pas normal que moins d'1% des sinistres indemnisĂ©s perturbent autant le marchĂ©. Par effet de bord ces gros sinistres bloquent l'accĂšs au marchĂ© des ETI (8% sont assurĂ©es) et des PME (moins de 1% sont couvertes). 

La disparition de l'assurance cyber ?

Dans les allées de l'AMRAE nous avons eu des échanges intéressants, enrichissants, nous avons partagé nos vues et nos idées sur l'assurance cyber et ses évolutions possibles. Un point revenu souvent, c'est la disparition du marché de l'assurance cyber que plusieurs annoncent. Nous n'y croyons pas.

Les grands comptes ne sont plus un levier de croissance pour la cyberassurance. Les donnĂ©es sur la couverture des ETI et des PME (voir ci-avant) indiquent que la marge de progression est Ă©norme et que des polices adaptĂ©es pourraient permettre de rĂ©Ă©quilibrer le ratio prime sinistre. Encore faut-il que les services proposĂ©s en termes d'assistance soient efficaces et bon marchĂ©, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. 

L'autre point reste la prĂ©vention et lĂ  encore, le bon sens et des rĂšgles simples de gouvernance de la sĂ©curitĂ© peuvent permettre Ă  des moyennes structures de gagner rapidement en maturitĂ© et Ă  moindre coĂ»t. 

Nous avons la conviction que les courtiers peuvent jouer un rĂŽle moteur dans la prĂ©vention, tout comme les assureurs Ă  travers des contrats adaptĂ©s. Le gain de technicitĂ© des acteurs de l'assurance cyber est essentiel, et doit ĂȘtre portĂ© au mĂȘme niveau que celui des autres spĂ©cialitĂ©s du dommage. Les ETI et les PME ont du mal Ă  faire le tri parmi la myriade de solutions de cyber sĂ©curitĂ© plus ou moins pertinentes qui abondent. Le plus cher, n'est pas forcĂ©ment le meilleur. C'est lĂ  que nous devons les aider. 

Nous ne pensons pas que l'assurance cyber disparaitra. Objectivement, son dĂ©veloppement est faible comparĂ© aux 60 milliards de primes collectĂ©es en France (2020) sur l'assurance dommage. 

En revanche, nous croyons Ă  sa spĂ©cialisation par segment de marchĂ© et Ă  la mise en place de nouveaux mĂ©canismes (fonds, captives...). Chacun doit faire un pas vers l'autre : les assureurs doivent adapter leurs produits, les courtiers conseiller techniquement sur des bases solides, et les entreprises s'engager dans une dĂ©marche de prĂ©vention graduelle, et de transparence. 

Paiement des rançons ou pas?

Autre sujet sur le lequel nous avons eu le plaisir d'Ă©changer (et dĂ©bat permanent) est le paiement des rançons. Le rapport (2021) sur la cyber-assurance de la dĂ©putĂ© Faure-Muntian, propose "...d'inscrire dans la loi l'interdiction pour les assureurs de garantir, couvrir ou d'indemniser la rançon..." Rappelons qu'aujourd'hui qu'aucun texte ne sanctionne pĂ©nalement le paiement d'une rançon par une victime. 

Le paiement d'une rançon est le dernier recours quand tout a Ă©tĂ© tentĂ©, il ne s'agit pas d'un choix Ă©conomique. C'est une dĂ©cision prise pour Ă©viter une faillite et la mise au chĂŽmage des collaborateurs d'une entreprise. 

Cette garantie ne constitue pas aujourd'hui une activitĂ© illicite (au sens du Code civil, du Code des assurances, ou encore de la jurisprudence). 

Sur le plan pĂ©nal, une infraction est cependant caractĂ©risĂ©e par la connaissance en amont du fait que les fonds fournis sont "destinĂ©s Ă  ĂȘtre utilisĂ©s, en tout ou en partie, en vue de commettre un acte de terrorisme" (article 421-2-2 du CP). Il apparaĂźt que la grande majoritĂ© des pays n’interdit pas l’assurabilitĂ© du remboursement des rançons en cas de cyberattaque mais la subordonne Ă  certaines conditions (notamment la lutte contre le blanchiment et le terrorisme). Donc, le risque n'est pas nĂ©gligeable.

Soulignons tout de mĂȘme qu'Ă  ce jour, aucun pays de l'union europĂ©enne n'interdit cette couverture mais des Ă©volutions ne sont pas Ă  exclure dans les prochains mois.

A notre avis seul un texte au niveau europĂ©en serait pertinent et cohĂ©rent dans un marchĂ© commun. D'autant que ce texte Ă©dicterait des obligations pour les assureurs afin de fixer un cadre (s'il ne s'agit pas d'une interdiction) aux obligations de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. 

A nos yeux, une prochaine Ă©tape (qui est dĂ©jĂ  sĂ©rieusement Ă©tudiĂ©e) est le traçage des transactions de cryptomonnaies, d'autant que ce type de paiement et leurs actifs sont amenĂ©s Ă  croĂźtre dans les prochaines annĂ©es allant de pair avec l'intĂ©rĂȘt des acteurs de l'Ă©conomie et de la finance. Cette dĂ©marche de traçage et de transparence nĂ©cessaire va dans le sens de l'Ă©volution des outils de l'Ă©conomie, elle contribue aussi Ă  lutter contre les rançongiciels. 

Enfin, nous sommes trĂšs rĂ©servĂ©s sur les chiffres avancĂ©s concernant le paiement des rançons et la partie prenante des assureurs. La plupart des entreprises touchĂ©es paient des petites rançons (les PME) qui sont souvent la consĂ©quence d'un manque de prĂ©vention ou de technicitĂ© de leurs prestataires. Elles sont victimes de robots qui les scannent et exploitent des vulnĂ©rabilitĂ©s d'Ă©quipements - mal configurĂ©s, pas Ă  jour, obsolĂštes - exposĂ©s sur l'internet (boitiers VPN, NAS, pare-feu...). 

Ces entreprises ne sont pas, pour la grande majoritĂ©, couvertes (moins de 10% ont un contrat cyber). Auraient-elles dues l'ĂȘtre avec une obligation contractuelle de faire des sauvegardes dĂ©connectĂ©es et un rĂ©el accompagnement en prĂ©vention ? C'est un autre dĂ©bat, c'est peut-ĂȘtre le bon. 

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