Il y a quelques jour, en consultant des informations en ligne, j'ai vu dans un reportage des banderoles pro-Poutine lors des manifestations indépendantistes en Nouvelle-Calédonie. Ces dernières affichaient des messages appelant à l'aide tels que "Président Poutine, libérez nos colonies".
Je n'ai pas compris le rapport et j'ai voulu en savoir plus sur ce que Poutine, venait faire dans cette histoire à l'autre bout de la terre.
Cela m'a amené à effectuer des recherches qui m'ont menées à conclure que depuis plusieurs années, au même titre que d'autres démocraties, la France fait face à une menace grandissante pour sa souveraineté et sa stabilité : L’ingérence Russe.
Elle prend plusieurs formes, l'une d'entre elles est la manipulation de l’information. Cette stratégie au long court, orchestrée par le Kremlin, vise à semer le trouble, la division au sein de la société française et à influencer les décisions politiques du pays.
Alors, quelles sont les méthodes utilisées et comment faire pour les repérer ?
Ces campagnes de désinformation visent aussi à discréditer les institutions du pays en les présentant comme corrompues ou illégitimes.
Par exemple, le soutien de la Russie à la cause indépendantiste en Nouvelle-Calédonie ne date pas d'hier. Moscou a une longue histoire de soutien aux mouvements anti-coloniaux et anti-impérialistes dans le monde, y compris en Afrique subsaharienne (on l'a vu récemment avec l'emploi du groupe Wagner pour chasser la France de son pré carré).
Ces actions s'inscrivent dans la stratégie plus large de la Russie visant à affaiblir l'influence française dans ses territoires d’Outre-mer.
Ce n’est qu’un des nombreux moyen que le Kremlin utilise. Autre exemple, deux ans après avoir été interdit dans l’Union européenne, la chaine d'information Russia Today France, a refait surface il y a quelques mois. En effet, la branche francophone de la chaîne d’informations russe continue de diffuser sa propagande en direct sur l'internet.
Avant l'intervention Russe en Ukraine, RT France était principalement utilisée comme un outil de "soft power" pour améliorer l'image de la Russie et de sa classe dirigeante. Cependant, depuis son interdiction en 2022 (avec le média Sputnik), la chaîne est devenue une arme de désinformation à part entière selon RadioFrance, diffusant un mélange d'informations fausses et déformées mélangées à des faits avérés (technique classique de manipulation et des complotistes) pour distiller la propagande du Kremlin. Les grands médias occidentaux y sont également régulièrement critiqués et présentés comme des menteurs.
Une autre méthode utilisée par les acteurs de l'ingérence russe en France est la création de faux reportages de médias français. Dans l'un de ces reportages, supposé provenir de TF1, on apprend que les femmes françaises sont invitées à accoucher prématurément pour libérer les lits des hôpitaux pour les JO de Paris 2024.
Dans un autre reportage, présenté comme un article provenant du journal Le Parisien, il est affirmé que les produits anti-punaises de lit auraient contaminé l'eau parisienne, la rendant dangereuse pour la santé. Dans certains cas, de vrais experts sont usurpés pour propager de fausses informations.
Les médias concernés sont évidemment les plus vus, comme TF1, Le Figaro, EuroNews, France 24 et BFMTV. Des fausses informations reliées à ces média sont diffusées sur les réseaux sociaux et les sites web contrôlés par la Russie.
Ainsi, le 28 mars 2024, le ministère français des Armées a dénoncé sur Twitter un site web qui usurpait son identité pour diffuser de fausses informations sur le recrutement de soldats français pour le front ukrainien. Comme par hasard, cette information est sortie peu de temps après que la Russie ait faussement annoncé l'envoi de 2 000 soldats français en Ukraine. Cette information a été fermement démentie par les autorités françaises, qualifiant cette action de "provocations irresponsables" de la part de Moscou. Cependant, le mal était fait, et elle s'est répandue, par tout dans le monde comme une trainée de poudre.
Parallèlement, le Kremlin s'appuie sur une cohorte de propagandistes et de chroniqueurs bien connus tout en étouffant (comme s'est le cas depuis plusieurs années) toute tentative de fournir une information indépendante en Russie. La volonté d'éliminer tout accès à une information indépendante va de pair avec une réécriture de l'histoire et un contrôle des mémoires qui vise à imposer le récit officiel du Kremlin sur la guerre en Ukraine et de manière plus large sur l'Histoire depuis 1992.
En mars 2022, le président russe Vladimir Poutine a annoncé une "guerre de l'information" et a même formé une armée de propagandistes, qui bénéficient d'une formation gratuite pour devenir des correspondants de guerre parfaitement alignés sur les positions du Kremlin, selon Reporters sans frontières (RSF).
Cette nouvelle stratégie de propagande témoigne de la détermination de la Russie à contrôler l'information et à manipuler l'opinion publique, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ses frontières.
Il est important de rappeler que face à la multiplication des fausses informations et des manipulations de l'information en ligne, il est essentiel de faire preuve de vigilance et de prudence quant aux sources d'information que l'on consulte.
A une époque ou n'importe qui peut être "journaliste", diffuser de l'information, modifier le réel, les événements, qui plus est de manière assez simple avec ou sans IA, ce qui n'était pas le cas il y a 20 ans, il est indispensable de prendre du recul sur tout et d'apprendre à nos enfants à un faire autant.
Tout comme pour le phishing, les tentatives de manipulation de l'opinion publique peuvent prendre des formes diverses et sophistiquées et il est parfois difficile de distinguer le vrai du faux. Il est donc recommandé de croiser les sources d'information, de vérifier la fiabilité et la crédibilité des sites web et des réseaux sociaux consultés. A ce sujet plusieurs sites proposent de récupérer les nouveaux contenus de site d’actualités légitimes.
L'ingérence Russe en France est une réalité et une menace pour la démocratie et la souveraineté nationale. Les méthodes utilisées par le Kremlin sont de plus en plus sophistiquées et insidieuses au point que prises séparément certaines fausses informations paraissent anodines.
Les intérêts de la Russie d'affaiblir les démocraties sont évidents, mais il est possible qu'en France des acteurs locaux en tirent également profit.
Des groupes politiques extrémistes, par exemple, peuvent recycler ces fausses informations pour renforcer leur discours et leur influence. Des intox sont régulièrement en hausse à l'approche d'élections. Par exemple, lors de la dernière présidentielle, il y a eu pêle-mêle la Rolex de Mélenchon, l'annonce du suicide de la femme de Fillon, le militant RN employé de Canal+, Macron le candidat de l'Arabie saoudite, les infirmières françaises agressées par un migrant. Mais on peut aussi ajouter, les faux sondages sur les réseaux sociaux, les fausses informations sur le trucage des élections, le collage de fausses affiches, la fake news de Bardella sur le financement des campagnes par Microsoft et Meta.
Il est donc essentiel de continuer à enquêter, analyser et documenter les mécanismes de l'ingérence, certes afin de mieux les comprendre et identifier acteurs impliqués mais aussi pour y répondre et sensibiliser l'opinion, car l'absence de réponse s'entend aussi comme un acquiescement.