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Anonymous
Anonymous : de l'anonymat à influenceur Global

Vous avez surement déjà entendu parler ou vu des photos de personnes portant un masque blanc revendiquant une appartenance au groupe Anonymous. Savez-vous qu'avant d'être repris dans la BD "V for Vendetta", ce masque est lié à Guy Fawkes, l'homme qui a essayé au début du XVIIe siècle d'assassiner le roi d'Angleterre ?

Aujourd'hui Anonymous c'est bien plus qu'un déguisement : c'est une "force" mondiale d'activistes en ligne, luttant contre l'injustice, la censure et la corruption. Découvrez comment ce collectif a marqué l'histoire du cyber-activisme depuis ses débuts et inspire des millions de personnes à travers le monde.

 

LES ORIGINES

Le collectif est célèbre pour ses actions "anonymes" et ses coups d'éclat contre diverses organisations privées et ou publiques. 

Anonymous serait apparu en 2003 (date à des premières revendications d'attaques DDoS) sur le forum anonyme 4chan. Le masque de Guy Fawke fait quant à lui sa première apparition en 2008 lors de manifestations. 

Sur le forum 4Chan, le terme Anonymous était attribué aux visiteurs qui publiaient des commentaires sans identification.

Les premières mentions d'Anonymous en tant que groupe commencent à circuler fin 2006 autour d'un manifeste  "Rules of the Internet" (seules les 47 premières règles à l'époque).

Anonymous se présente dès son origine comme un groupe de hackers et de cyber-activistes revendiquant la liberté d'expression et l'ouverture absolue d'internet. Par ailleurs, le groupe indique luter contre les discriminations et le racisme.

Ainsi en 2006, un parc d'attractions Américain a refusé l'accès à la piscine à un enfant séropositif, craignant la transmission de la maladie. Les Anonymous ont entrepris de défendre cet enfant en manifestant à l'entrée de la piscine et ont voulu le venger en liant cette histoire à celle qui s'est produit sur Habbo Hotel (l'ancien nom de Habbo), ou des modérateurs racistes s'amusaient a bannir des avatars noirs , juste par leur couleur de peaux, voir article sur le raid des Anonymous.

La notoriété du groupe décolle début 2008 avec plusieurs attaques contre l'église de scientologie (projet Chanology), mais aussi la participation à des manifestations pacifiques.

Article détaillé sur le projet Chanology 👉 https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Chanology

Bien que l'identité des membres du groupe reste inconnue, des révélations et certaines arrestations au fil des ans ont permis d'en identifier quelques uns. 

Ces arrestations ont souvent été le résultat de collaborations internationales entre diverses agences de sécurité. Par exemple, en 2011, le FBI a mené une série de raids qui ont conduit à l'arrestation de 16 individus liés à Anonymous. En 2012, Hector Xavier Monsegur, connu sous le pseudonyme de "Sabu", a été arrêté et a coopéré avec le FBI, aidant à l'arrestation de plusieurs autres membres du groupe. 

En 2013, Jeremy Hammond, un hacker qui aurait fourni des données à Anonymous, a été condamné à 10 ans de prison pour son rôle dans le piratage de Stratfor, une société privée de renseignements. Ces arrestations montrent que bien que le collectif se veuille anonyme, l'identification et la capture de quelque membres reste possible. Mais c'est peut être que la partie immergée de l'iceberg.

Ces 2 hackers ont fait partie du groupe LulzSec mais ne considèrent pas avoir quitté Anonymous qui est avant tout "une idée et une conscience". 

 

10 OPÉRATIONS ATTRIBUÉES AUX ANONYMOUS DEPUIS 2010

  1. Operation Payback (2010) En 2010, Anonymous a lancé l'« Operation Payback » en réponse au blocage par PayPal, Visa et MasterCard des paiements vers WikiLeaks. Utilisant des attaques DDoS (déni de service distribué), Anonymous a perturbé les services de ces entreprises pour protester contre la censure et soutenir la liberté d'information promue par WikiLeaks. Cette action a attiré l'attention sur les implications de la censure financière sur la liberté d'expression en ligne.
  2. Attaque contre HBGary Federal (2011)En 2011, Anonymous a ciblé HBGary Federal, une société de sécurité privée, exposant des e-mails internes qui révélaient des plans visant à détruire la réputation de WikiLeaks et de ses partisans. Cette opération a mis en lumière les pratiques controversées de certaines entreprises de sécurité privée et souligné les risques liés à la manipulation de l'opinion publique et à la surveillance illégitime.
  3. Contre la Censure en Russie (2012) En 2012, Anonymous a dirigé des attaques DDoS contre des sites gouvernementaux en Russie pour protester contre la loi de censure internet, connue sous le nom de "Loi Yarovaya". Cette législation renforçait les contrôles gouvernementaux sur l'internet russe, restreignant la liberté d'expression en ligne et la confidentialité des communications. Les attaques ont été une forme de résistance numérique contre ces mesures répressives.
  4. Soutien aux Manifestants de Ferguson (2014) Après la mort de Michael Brown à Ferguson, Anonymous a apporté un soutien significatif aux manifestants, dénonçant la brutalité policière et organisant des actions en ligne pour sensibiliser et mobiliser. Cette intervention a contribué à attirer l'attention internationale sur les tensions raciales aux États-Unis et à demander des réformes dans les pratiques policières.
  5. Opération Charlie Hebdo (2015) Après l'attentat contre Charlie Hebdo, Anonymous a pris pour cible des sites de groupes extrémistes en ligne, exprimant leur solidarité avec la liberté d'expression et leur opposition au terrorisme. Leur action visait à perturber les communications des groupes extrémistes et à défendre les valeurs de liberté et de tolérance face à l'extrémisme violent.
  6. Opération Darknet (2016) Anonymous a dirigé une opération contre les sites de pédopornographie sur le dark web, travaillant avec les autorités pour exposer et démanteler les réseaux d'exploitation d'enfants en ligne. Cette initiative visait à protéger les victimes potentielles et à renforcer les efforts internationaux de lutte contre les crimes numériques graves.
  7. Operation Facebook (2018) En réponse aux scandales de confidentialité et de gestion des données personnelles, notamment le scandale Cambridge Analytica, Anonymous a menacé de "détruire" Facebook. Ils ont dénoncé les pratiques invasives de collecte de données de la plateforme sociale, appelant à une meilleure protection de la vie privée des utilisateurs et à une responsabilité accrue des grandes entreprises technologiques.
  8. Soutien à Hong Kong (2019) En soutien aux manifestants pro-démocratie à Hong Kong, Anonymous a mené des cyber-attaques contre des sites gouvernementaux chinois, critiquant la répression des libertés civiques et exprimant une solidarité internationale avec les mouvements de protestation. Leur action visait à amplifier les voix des manifestants et à contester les politiques autoritaires du gouvernement chinois.
  9. Opération George Floyd (2020) Après la mort de George Floyd aux États-Unis, Anonymous a intensifié ses efforts contre la brutalité policière et le racisme systémique en attaquant les sites de la police de Minneapolis. Ils ont divulgué des informations sensibles pour révéler des pratiques policières contestées et pour soutenir les manifestations pour la justice raciale et sociale.
  10. Avec l'invasion de l'Ukraine (2022) En réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Anonymous a lancé des cyber-attaques contre des cibles russes, incluant des sites gouvernementaux. Ils ont piraté des données sensibles et perturbé les communications militaires pour soutenir l'Ukraine dans sa lutte pour l'indépendance et la souveraineté, marquant ainsi leur opposition aux actions agressives et impérialistes. Ils continuent depuis et partage des données sensibles et stratégiques avec des services occidentaux. 

 

PHILOSOPHIE ET CULTURE

La culture d'Anonymous est marquée par un mélange d'humour noir, de trolling (provocation en ligne) et d'activisme numérique. Ce groupe a su utiliser ces éléments pour attirer l'attention sur des causes importantes et mobiliser une communauté en ligne diverse et souvent dispersée géographiquement.

Selon Chris Lander, du Baltimore City Paper datant du 2 avril 2008, « Anonymous est la première superconscience construite à l'aide d'Internet. Anonymous est un groupe semblable à une volée d'oiseaux. Comment savez-vous que c'est un groupe ? Parce qu'ils voyagent dans la même direction. À tout moment, des oiseaux peuvent rejoindre ou quitter le groupe, ou aller dans une direction totalement contraire à ce dernier ».

Ayant participé à certains aspects du printemps arabe et au lancement du mouvement Occupy Wall Street, Anonymous rejoint certaines revendications de ces derniers.

En 2016, Anonymous met en place CyberGuerilla, un réseau IRC (réseau de discussion relayée par Internet) uniquement accessible par Tor. Le réseau « CyberGuerilla Onion IRC » permet de préserver l'anonymat de ses utilisateurs et sert de plaque tournante pour organiser les opérations et actions du collectif ou les projets de tout groupe souhaitant créer une communauté forte et concerné par la confidentialité et la sécurité sur Internet.

À travers CyberGuerilla, le collectif se mobilise dans la lutte pour le respect de l'éthique animale, la préservation de l'environnement et le développement durable. Il agit pour la libération de l'homme et s'oppose à toute forme d'oppression, de préjugés, d'autoritarisme et d'avant-gardisme.

Les motivations fondamentales d'Anonymous reflètent un engagement profond envers la défense des droits numériques et de la liberté d'expression sur Internet. Le groupe s'efforce de contrer les tentatives de contrôle et de censure du web par les gouvernements et les entreprises. Anonymous se positionne également comme un lanceur d'alerte virtuel, révélant les pratiques corrompues et les violations des droits à travers des actions de cyber-activisme.

En défendant le droit à l'information et en exposant la corruption, Anonymous cherche à responsabiliser les institutions et à informer le public, jouant ainsi un rôle crucial dans la promotion d'une société plus transparente et équitable.

Malgré les bonnes intentions affichées, le groupe n'est pas dépourvu de controverses,  notamment la nature de ses actions, mais aussi en raison de sa structure décentralisée et de l'anonymat de ses membres. 

 

PETITS SERVICES ENTRE AMIS ?

Depuis le début de "l'opération spéciale" lancée par Moscou, Anonymous n'a pas manqué de réagir en prenant position et en annonçant que le collectif poursuivra la cyber-guerre jusque'à la fin des attaques russes. Dès le 24 février, les Anonymous supprimait le site web de la chaîne de télévision RT, soutenue par Moscou, qui diffusait à l'époque en Europe.

D'autres actions ont suivi, comme le piratage de la banque Russe, la prise de contrôle de milliers d'imprimantes, le vol de données d'organisations liées à l'état Russe.  

Le groupe fournit régulièrement des informations stratégiques concernant la Russie et les infrastructures en Criméeou sur des agences, comme par exemple l'agence spatiale Roscosmos ou encore des données personnelles sur des personnalités proches du Kremlin. 

Des rumeurs persistent sur des collaborations supposées entre certains membres d'Anonymous et des entités gouvernementales comme la CIA, suscitant des doutes quant à l'indépendance et à la fiabilité du groupe.

Pourtant si l'on regarde dans le rétroviseur, les Anonymous avaient en 2012 attaqué un site de la CIA.

Cependant, l'histoire a peut être provoqué un rapprochement qui n'était pas évident au premier signe. D'abord en 2015 après les attentats de Paris, les Anonymous ont diffusé une déclaration de guerre (en Français) à l'état Islamique. Plus récemment avec la guerre en Ukraine, le collectif a clairement fait savoir pour qui il roulait.

La structure décentralisée d'Anonymous peut parfois conduire à des désaccords internes à des sous-groupes et à des actions non coordonnées. Certains de ces membres, ou sous-groupe peuvent alors décider de collaborer ponctuellement, collecter et transmettre des informations à des agences de contreterrorisme et de renseignement. 

Ce n'est pas apprécié par tous les membres, en particuliers les anciens qui ont connu les arrestations de leurs amis. Certains ne veulent pas travailler ou aider les états car ils ne souhaitent pas être infiltrés et ou pourraient aussi mener des opérations contre eux. 

Fondamentalement, les pionniers du groupe sont pour la liberté totale sur internet l'absence de censure. Ils considère qu'il vaut mieux s'opposer que de censurer.  

Cependant, la ligne est mince lorsque l'on revendique des valeurs qui font écho dans l'opinion et plusieurs membres ont et collaborent des états, soit directement, soi en mettant des informations à disposition sur un serveur, Discord par exemple (sur les infrastructure en Crimée). 

Il peut être parfois plus simple de laisser des groupes de hackers, faire ce qu'ils ont à faire, alors que la même cyber opération, si elle avait été montée par une agence aurait nécessité des accords, une planification, des justifications, de la paperasserie, bref, toute une lourdeur dont il est parfois pratique de s'affranchir, surtout lorsque l'on a déjà plein de fers au feu. 

Ainsi pour le moment, le collectif (du moins de ce que l'on en sait) semble bénéficier d'une relative tranquillité en occident. Ses membres peuvent alors méditer à juste titre cette citation de Marc Aurèle "Ai-je été utile à mes semblables? Si oui, je me suis rendu service à moi-même." 

A vous de vous faire un avis s'ils ont eu raison, ou pas.