Grace Brewster Murray, née le 9 décembre 1906 à New York, est l’une des figures les plus marquantes et emblématiques de l’histoire de l’informatique. Dès son plus jeune âge, Grace Hopper s’est distinguée par sa curiosité insatiable et sa passion pour les sciences.
Elle est diplômée en mathématiques et physique du Vassar College en 1928, puis poursuit brillamment ses études à Yale, où elle obtient un master en 1930, suivi d’un doctorat en 1934, à une époque où peu de femmes accédaient à un tel niveau d’éducation.
Elle retourne ensuite à Vassar en tant que professeure, combinant pédagogie et recherche. Toutefois, son désir de contribuer davantage à la société la pousse à s’engager dans la marine américaine en 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale.
Affectée au projet Mark I à l’université Harvard, Hopper joue un rôle essentiel dans le développement de ce premier ordinateur programmable. Bien que Howard Aiken, son supérieur, ait initialement douté de ses capacités, sa rigueur et son talent pour la programmation finissent par s’imposer. Cette période marque le début de son ascension dans le monde de l’informatique. Après la guerre, elle poursuit son travail sur les ordinateurs Mark II et Mark III, tout en s’intéressant de près aux applications pratiques de ces machines.
En 1949, Grace Hopper rejoint la Eckert-Mauchly Computer Corporation, où elle contribue à des projets révolutionnaires pour l’époque. En 1951, elle conçoit le premier compilateur, le A-0 System, destiné à l’ordinateur UNIVAC I.
Ce système, capable de traduire des instructions humaines en langage machine, marque un tournant dans l’histoire de l’informatique. Son idée de créer des langages plus proches de l’anglais, jugée audacieuse à l’époque, aboutit au développement du FLOW-MATIC, un langage qui influencera directement la création du COBOL en 1959. COBOL, ou Common Business-Oriented Language, révolutionna l’industrie en rendant la programmation accessible à des professionnels non informaticiens, notamment dans les secteurs bancaires et commerciaux.
Malgré son départ forcé de la marine en 1966 en raison de son âge, Hopper est rappelée en 1967, signe de l’importance de son expertise. Durant cette période, elle contribue à établir des normes pour des langages comme Fortran et COBOL, renforçant leur adoption à l’échelle mondiale.
Elle grimpe les échelons jusqu’au grade de Rear admiral (contre-amiral), devenant l’une des rares femmes à atteindre ce rang dans l’histoire de la marine américaine. Elle prend officiellement sa retraite militaire en 1986, alors qu’elle est l’officier le plus âgé de la flotte. Cependant, son esprit infatigable la pousse à continuer son travail comme consultante pour Digital Equipment Corporation, où elle partage son expérience et son savoir jusqu’à son décès en 1992.
Les nombreuses distinctions reçues par Grace Hopper témoignent de son immense impact. En 1986, elle est décorée de la Defense Distinguished Service Medal, et en 1991, elle devient la première femme à recevoir la National Medal of Technology. En 2016, son influence est reconnue à titre posthume par le président Barack Obama, qui lui décerne la Médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile aux États-Unis. En son honneur, des lieux comme le destroyer USS Hopper, des conférences internationales sur les femmes en informatique, ou encore une place à Paris et une rue à Montréal portent son nom.
Par ailleurs, Grace Hopper est célèbre pour avoir popularisé le terme "bug" en informatique, après la découverte d’une mite coincée dans les circuits du Mark II sur lequel elle et son équipe travaillaient. Cet épisode anecdotique illustre à la fois son humour et sa capacité à simplifier des concepts complexes.
En outre, elle a prôné toute sa vie une informatique accessible, insistant sur l’idée que la technologie devait servir les individus et non l’inverse. Féministe avant l’heure, elle a ouvert la voie à de nombreuses femmes dans un domaine majoritairement dominé par les hommes, leur montrant qu’il était possible de briser les barrières sociales et culturelles.
Grace Hopper incarne une synthèse unique entre l’innovation scientifique, la pédagogie et le leadership. Grâce à ses contributions majeures, elle reste une figure incontournable de l’informatique moderne. Son héritage, visible à travers le COBOL, le concept de compilateur ou la notion de bug, continue de façonner notre quotidien, rappelant l’importance de l’audace et de la persévérance dans la quête de progrès.
Par son exemple, elle inspire les générations futures à rêver grand et à transformer ces rêves en réalités.
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