La firme de Cupertino se retrouve une fois de plus dans le viseur du Département de la Justice américain. Cette fois accusée de maintenir un monopole illégal sur le marché des smartphones. Cet épisode s'ajoute à une série de critiques qui reprochent à Apple ses pratiques jugées anticoncurrentielles.
Au cœur de cette controverse, le ministère de la Justice pointe du doigt la gestion par Apple des "super applications" comme WeChat, qui concentrent plusieurs services en une seule interface. Selon le département de la justice, Apple bloquerait ces applications polyvalentes pour favoriser une approche segmentée. Toutefois, des experts contestent cette vision, arguant que les utilisateurs occidentaux préfèrent naturellement des applications dédiées pour chaque service. Par exemple des applications comme Uber, qui intègrent plusieurs services sont toujours disponibles sur l'App Store, ce qui semble contredire les accusations d'un blocage systématique.
Un autre grief soulevé par le ministère concerne la manière dont Apple gère l'interopérabilité avec Android, en particulier pour les fonctions de messagerie. La justice reproche à Apple de dégrader volontairement l'expérience des utilisateurs d'Android en imposant des limitations techniques, comme l'absence d'indicateurs de frappe ou de modification des messages ou encore l'envoi de vidéos avec une qualité réduite.
Cependant, ces problèmes découlent en grande partie des différences de protocole entre les SMS d'Android et les systèmes utilisés par Apple. Néanmoins, il est à noter qu'Android a récemment adopté le protocole RCS, qui offre des fonctionnalités avancées similaires à celles d'iOS. Apple a également annoncé qu'elle intégrerait le RCS sur l'iPhone d'ici fin 2024, ce qui devrait améliorer significativement la communication entre les deux écosystèmes, bien que les messages Android continueront d'être affichés sur fond vert sur les iPhones, une pratique que certains pourraient juger discriminatoire.
Enfin, la politique de commissions de l'App Store, où Apple prélève entre 15 et 30 % sur chaque transaction, fait également l'objet de critiques. Bien que ces taux de prélèvement soient courants dans l'industrie, de nombreux développeurs les jugent prohibitifs. Cette frustration est renforcée lorsque l'on considère les applications basées sur des abonnements. En effet Apple perçoit en plus une part des revenus qui selon certains spécialistes, pénalise injustement les concurrents. De fait, des entreprises comme Spotify et Netflix ont opté pour des solutions de contournement, en ne permettant pas l'abonnement direct via leurs applications installées sur iOS pour éviter ces frais.
Cette affaire soulève des questions fondamentales sur les limites des pratiques commerciales d'Apple et leur conformité avec les lois antitrust américaines (qui interdissent aux entreprises d'abuser de leur position dominante). Les décisions de justice à venir pourraient non seulement redéfinir les relations commerciales d'Apple avec ses développeurs et concurrents, mais aussi influencer de manière durable le paysage technologique global. Au moins que cela se règle par un accord avec la justice américaine, comme c'est souvent le cas en matière commerciale.
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