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Alice Recoque
Femme de la tech : Alice Recoque

Vous ne la connaissez peut-être pas. Alice Recoque était une informaticienne Française. C'est assez rare pour être mentionné, les portraits de femmes du monde de l'informatique sont souvent anglo-saxons.

En France, les ingénieurs ne sont pas médiatiques, alors quand il s'agit d'une femme dans les années 70-80, on a vite fait de l'oublier, pourtant...

Le nom de femme pionnière de l'informatique française et de l'IA, trop longtemps délaissé par l'histoire sera donné au nouveau supercalculateur européen dédié à la recherche. La bête sera capable d'exécuter plus d'un milliard de milliards de calculs par seconde, soit 1 Exaflop/s.

Née Alicia Maria Arnaud en Algérie en 1929, Alice Recoque obtient en 1954 le diplôme d'ingénieure dans la promotion de ESPCI. Dès sa sortie elle est embauchée à la Société d'électronique et d'automatisme qui était à cette époque la société qui fabriquait des ordinateurs Français. 

Elle participe au développement du CAB500, un des premiers ordinateurs de bureau conversationnel (une grosse calculatrice). Elle travaille ensuite sur le calculateur industriel CINA et co-dirige le projet CAB 1500, lié aux machines à pile intégrant un ou plusieurs compilateurs

Par la suite, Alice Recoque représentera la Compagnie Internationale pour l'informatique CII auprès de l'INRIA dans le projet MIRIA ou elle travaillera sur les projets visant des ordinateurs plus petits. Elle devient responsable recherche et développement de la division Petits ordinateurs et systèmes associés et conduit le projet Mitra 15. 

Le Mitra 15, est un des premiers mini-ordinateur de la CII commercialisé de 1971 à 1985. Plus de 7 000 exemplaires ont été fabriqués. Conçu et développé par l'équipe dirigé par Alice Recoque, le Mitra 15 permettait le contrôle-commande de processus industriels, le calcul scientifique, et avec des domaines d'application divers. Cette machine a dirigé des missiles, des centrales nucléaires, commandé des robots, servi à la recherche. Cette machine a été un succès Français. 

Alice Recoque poursuivit ses recherches chez Bull sur les architectures multi-processeurs. Régulièrement jury de thèses, elle est nommée en 1982 membre de la commission d'informatique du Comité national de la recherche scientifique. Elle rédige le chapitre sur l'architecture des ordinateurs dans la publication de référence Techniques de l'ingénieur.

En 1978 elle participa à la réunion qui fonda la CNIL et dès cette elle époque elle s'inquiétait du pouvoir de surveillance que l'informatique peut procurer aux entreprises et aux États. 

Nommée en 1985 Directrice pour la mission Intelligence artificielle par le groupe BULL, elle s’intéressa au comportement humain dans ce champ de recherche pour mieux le reproduire.

Elle pilota la stratégie de développement de BULL dans le domaine de l'IA (200 personnes) et travailla sur la compréhension des écrits (en Français) par l'IA, le développement de Langages orientés objets en Lisp et Prolog (2 langages de choix pour la recherche en IA). 

Pendant les années 80, elle sera membre du comité national du CNRS et début 90 elle fera partie du comité d’évaluation du projet européen de traduction automatique Eurotra.  

Parallèlement à ces activités Alice Recoque a enseigné l'informatique à l'ISEP, l’École centrale, l'École supérieure d'électricité, l'ESIEE Paris et l'Institut catholique de Paris.

A une époque où des budgets permettait à l'informatique française d'exister face à la puissance Américaine, elle appartient à une génération qui permis à la France de conquérir et de conserver son indépendance. 

Au début de l'année une biographie lui a été consacrée par Marion Carré. Femme brillante et remarquable Alice Recoque nous a quittés en 2021.